« Dannemarie de la cave au grenier » : parution de l’étude sur l’habitat et le cimetière fortifié
La municipalité de Dannemarie vient d’éditer (avril 2014) l’étude sur l’habitat ancien de la commune que j’ai réalisée en 2012-2013, présentée dans ces pages (voir: Dannemarie interroge l'histoire de sa formation urbaine) . Ce travail a été mené à bonne fin grâce à l’implication forte sur le terrain de l’Adjoint au Maire Alexandre Berbett, et à l'expertise scrupuleuse et méthodique du laboratoire de dendrochronologie Archéolabs (Christian Dormoy). Le Maire Paul Mumbach a pris la décision de diffuser ce travail le plus largement possible, par une publication qu’il a voulu soignée.
L’ouvrage, comptant 130 pages et 124 figures, présente les maisons les plus anciennes de la ville, dont 8 datées par dendrochronologie couvrent la période 1474-1684. Leur répartition dans l’espace montre la stabilité du noyau médiéval, avec une rue s’élargissant en place de marché, cette dernière à l’ombre d’un cimetière fortifié définitivement abandonné en 1474. L’exploration minutieuse des caves des maisons actuelles a permis de retrouver en différents points son enceinte. L’enquête remet en question, une fois de plus, la légende d’un bourg totalement détruit pendant la Guerre de Trente ans. Plus encore, il montre comment la ville commerçante des XVIIIe s. et XIXe s. s’est coulée dans la structure préexistante, non sans tensions. La « Crise des tas de fumiers » en 1775 relate les efforts de l’administration des Ponts et Chaussée pour mettre en ordre urbain la première bourgade d’une certaine importance sur la route des fortifications royales, de Belfort à Huningue. Cette crise, dont est issue la ville actuelle, oppose les tenants d’un ordre paysan ancien et les ingénieurs investis d’une mission de rationalisation. On notera par exemples les questions de salubrité publique, d’alignements, de séparation nette entre les domaines privés et publics, qui ne sont pas sans évoquer des problématiques actuelles. Les jeux d'alliances et de connivences transparaissent dans les textes. Mais bien plus, les plans rigoureux des ingénieurs de 1775 sont parfois en contradiction avec les observations archéologiques: la réalité figurée sur les documents d'urbanisme a été ponctuellement arrangée pour les besoins de la cause, au bénéfice d'habitants peut-être plus coopératifs -ou vindicatifs on ne sait- que d'autres?
On peut se procurer l’ouvrage auprès de la médiathèque de Dannemarie, bon de commande téléchargeable.