La symbolique des colombages en Alsace
Faites une requête avec ces mots sur internet, vous obtiendrez une abondante collecte de contributions, dont la plupart émanent de collectivités, de musées, d’associations patrimoniales, donc de sites supposés sérieux. Avec le plus souvent beaucoup d’assurance, les articles prétendent expliquer ces intrigants arrangements du pan de bois, dessinant des figures géométriques simples – le losange, la croix en X – ou plus complexes combinant ces dernières, les enrichissant souvent de cercles, de croix, d’ergots. Effectivement, on aimerait comprendre quelles étaient les intentions des créateurs de ces motifs, quelle est la teneur du message qu’ils semblent nous adresser au-delà des siècles. On ne sera pas déçu car la littérature tient ses promesses : elle nous révèle tout, motif par motif, de la valeur symbolique voire magico-sacrée de ces derniers.
Une ombre au tableau cependant : l’essentiel de ce que l’on peut lire est un ramassis de balivernes, qui se copient d’un site internet à l’autre sans jamais citer leurs sources. Pas de quoi fouetter un chat (noir de préférence !) ne serait le caractère plus ou moins autorisé, crédible, des institutions qui les diffusent depuis des lustres au point de les ériger en vérités indéracinables.
Voici cinquante ans que je m’évertue, par mes recherches, mes publications, mes conférences, à démonter cette mythologie dont on verra plus loin les racines nauséabondes, sans cependant prétendre apporter des réponses à la fois simples et scientifiques à la complexité du sujet. Je persévère cependant car je n’aime pas la paresse qui fait repasser les mêmes plats depuis des lustres, sans le moindre esprit critique, sans interrogation sur la validité des sources et sans tenir compte des progrès de la connaissance scientifique. Je n’aime pas davantage la présentation biaisée de l’histoire : les maisons rurales sont une source historique en elles-mêmes car elles reflètent une totalité des sociétés passées, de leurs savoirs et savoir-faire, économie et gestion des ressources, culture et mentalité, etc. Quand on ignore ce contexte et que l’on isole arbitrairement tels ou tels éléments, on s’autorise à leur faire dire n’importe quoi, et notamment des arguments en faveur d’idées reçues voire idéologiquement irrecevables.
Le présupposé d’une paysannerie paganiste
Deux idées sont sous-jacentes à la littérature « symboliste » :
- Les figures dites symboliques seraient les vestiges de croyances primitives (donc fondamentales et pures…) ayant survécu aux pressions normalisatrices exercées par l’Eglise et par l’Etat. Cette idée se rattache aux notions de résistance au complot des puissants, d’ésotérisme, de secret perdu comme l’illustre cette citation extraite d’un site internet patrimonial: « On peut se demander s’il convient de rechercher un symbolisme et un sens profond à chaque détail de nos maisons. Ce ne serait ni réaliste ni raisonnable. En effet, à partir de la fin du XVIIIe siècle, la signification symbolique du décor s’est estompée petit à petit, au profit de la seule fonction ornementale. L’esprit s’est perdu, et l’on n’a plus conservé que la lettre »
- Les sociétés rurales anciennes auraient attribué aux motifs dits symboliques une efficacité contre les forces du Mal et de la nature (inondations, foudre, incendie, mauvais œil), à chaque danger son symbole-barrage… Et de même pour la reproduction et la prospérité (récoltes, procréation humaines et animales). Derrière ces deux idées se profilent deux thèses non pas populaires et issues d’une sagesse ancestrale comme on le prétend, mais bien modernes et savantes :
- Les croyances primitives, en l’occurrence germaniques, auraient été maintenues vivantes au sein de groupes ethniques homogènes, résistants aux corruptions (mélange de races, modes de vie urbains, église, pouvoirs centraux etc). Telles croyances et vertus, tel sang, telle race… nous reconnaissons ici sans peine les fondamentaux de l’idéologie nazie
- L’efficacité symbolique renvoie, elle, à la figure du Bon sauvage des campagnes. Illettré et de bon sens, naïf et pacifique car proche de la terre, « naturel », le Bon sauvage est construit en opposition à l’ouvrier des villes, marxiste, syndiqué, dangereux pour l’ordre fixé par les dominants. De là dérive la célébration de l’art populaire comme art primitif et spontané non influencé par l’art des élites urbaines ou le copiant et le réinterprétant avec une « maladresse touchante ». Un art d’analphabètes qui a besoin de figurer sa vision du monde faute de savoir ou pouvoir la dire…
Les « maisons runiques », une théorie nazie
Consultons le très sérieux site du Arbeitskreis für Hausforschung (AHF/Cercle de travail pour la recherche sur la maison) qui réunit la crème des spécialistes allemands de l’histoire et de l’archéologie de la maison. Dès la page d’accueil nous sommes invités à prendre connaissance d’une polémique, plutôt d’une mise au point (passée devant les tribunaux !) au sujet de la parution en 2003 du livre de Manfred Gerner, Formen, Schmuck und Symbolik im Fachwerkbau. Les chercheurs Klaus Freckmann et G.Ulrich Groβmann procèdent à une condamnation en règle de cet ouvrage en visant son auteur, mais surtout son éditeur qui se targuait d’avoir publié un ouvrage de référence. Editeur de renom scientifique, il aurait failli à sa mission en publiant ce livre sans en avoir vérifié le contenu. A la suite de cette polémique, il retira le livre de la vente.
Le point central de la critique est l’affiliation de l’auteur à la thèse des « maisons runiques » selon laquelle les formes du pan de bois reproduisent des caractères runiques, prouvant ainsi la persistance du peuple (= du sang pur) germanique à travers les temps, théorie antérieure au nazisme (elle est mise au point par Guido List au début du XXe s.) mais fondamentale pour l’Ahnenerbe SS (« héritage ancestral ») créé en 1935 par Himmler.
La littérature est copieuse, les titres des articles et brochures sont explicites. Par exemple Hermann Kolesch dans son opuscule Deutsches Bauentum im Elsaβ publié par l’Université de Tübingen en 1941 s’efforce de démontrer l’aryanité des Alsaciens (fraichement annexés) en comparant leur art populaire à celui d’ « autres régions allemandes » (ci-dessous).
Figure 1. Couverture à l'emblème du IIIe Reich de l'ouvrage de H. Kolesch
L’ouvrage de H.A. Waldner. Von alter rheinischer Heimatkunst. Ein Führer durch die baugeschichtliche Entwicklung der alten Siedlungen und Kleinorte zwischen Rhein und Westerwald, 1935, mérite d’être regardé de plus près comme exemple d’obsession runique.
Dès la première page, l’auteur déchiffre une façade en pan de bois. Il y voit les signes alchimiques de la terre, de l’eau, du feu et de l’air dans la partie supérieure. En dessous, les deux Kan-rune du savoir et du travail sont associées en miroir. La figure centrale combine quatre runes pour repésenter la figure de l’Homme sauvage, Wilder Mann (celle qui est couramment et improprement nommée Mann de nous jours). Au final l'auteur traduit cette sorte de rébus runique par «le sens de ma vie est de voyager et travailler », ce qui lui fait conclure que cette maison a été construite par un artisan, un marchand ou un batelier !
Figure 2. Extrait de la brochure de H.A. Waldner, 1935
Figure 3. Extrait de la brochure de H.A. Waldner, 1935
Figure 4. Extrait de la brochure de H.A. Waldner, 1935
Figure 5. Les signes runiques dans le pan de bois et leur signification,selon Guido List, reproduits par H.A. Waldner, 1935, détail de la figure 4
Enfin, trois tableaux figurent la transcription de chiffres runiques dans la forme des palissades bardages et garde-corps, le sens attribué à chaque rune transposée à l’échelle et dans la forme du pan de bois.
Quelques extraits (traduits de l’allemand) de la critique du professeur Groβmann « à propos de la surprenante science des runes de la SS »
« Le dernier livre de Manfred Gerner vient de paraître. La réputation de l’éditeur Fraunhofer-Gesellschaft est très grande. Hans-Jörg Bullinger, son président, s'est récemment assis à la table des conseillers pour l'avenir de la science en Allemagne à la table du chancelier. On devrait donc d'autant plus s'attendre à ce qu'une publication de cette maison d'édition respecte les plus hauts standards de qualité, que les principes scientifiques sont appliqués et que le contrôle de la qualité va de soi».
« Peut-on tout à coup lire le pan-de-bois comme un livre ouvert, dans lequel les anciens maîtres d'œuvre et d’ouvrage nous livrent les signes cachés, leurs désirs secrets et leurs soucis ? Ou bien l'auteur et la maison d'édition ne sont-ils pas plutôt tombés dans le piège de la propagande de l'organisation SS « Ahnenerbe », ce qui constituerait un grand scandale pour l’éditeur Fraunhofer-Gesellschaft ? »
(…)
« Dans le corps de sa publication, Gerner nomme et décrit les formes d’ornements « symboliques » dans l'ordre alphabétique, comme un dictionnaire pour la compréhension du colombage. Les interprétations de ces décors en tant que symboles sont citées sans aucune preuve. Ainsi, il explique la croix de Saint-André comme « l’Autre croix » [note MG : par opposition à la croix chrétienne] qui, après l'interdiction des signes païens par exemple par Charlemagne , aurait été camouflée en croix de Saint-André. Certes, le X pourrait aussi être compris comme un symbole du Christ, mais Gerner pense qu'il s'agit surtout d'une rune signe de multiplication.
Mais pourquoi des signes de ce type, que personne ne pouvait voir à l'époque, devraient-ils être lisibles, agrandis des centaines de fois et complètement sortis de leur contexte, comme faisant partie d'une construction en pan de bois? D'ailleurs, la croix de Saint-André sur un panneau routier ne représente pas St André mais avertit d’un danger à l’approche d’un train.
Plus loin, Gerner affirme que le terme Blitzband (« lien de foudre ») désigne une figure protégeant la maison du feu et de la foudre. Cette figure est un contreventement d’angle formé par une contrefiche ou lien de pied [Fuβband], une décharge [Strebe] et un aisselier [Kopfband], [dessinant un K], tel qu'on le rencontre dans les constructions à colombage entre 1600 et 1800. Gerner ne dit pas pourquoi il voit ici un « lien de foudre » alors que plus loin il le nomme l’ « homme sauvage ».
(…)
« La croix de Saint-André à branches courbes, est nommée par Gerner Fyrbock, Feuerbock [chenet ou littéralement chevalet de feu ou] contenant originellement l’idée de force divine du feu. Il n’est pas clair pour nous pourquoi un maître d’ouvrage fait placer une représentation, du feu au milieu de la façade afin que ce dernier soit repoussé par les « liens de foudre » sur les côtés ».
Figure 6. Uttenheim, vers 1620. Double croix en X à branches courbes. A gauche, deux bois en S seraient les cornes des casques de guerriers qui, réunies, constituraient la croix de Saint-André à branches courbes (!), ou encore le coeur ...
« Dans la section « arbre de vie », l'auteur reproduit une sculpture baroque ornementale composée d'un rinceau de fleurs dans un vase. Cette forme, typique des décorations de fête des 17e et 18e siècles, est expliquée par l’arbre de vie, qui prend naissance dans le vase comme symbole de la terre mère. Ainsi Gerner fait de cet ornement typique du début du baroque un symbole mythique de la fertilité, de la santé et de la chance. Il considère également l'agencement de liens symétriques orientées vers le haut sont des arbres de vie … en omettant de mentionner les liens orientés vers le bas sur la même figure ».
Figure 7. Blotzheim 1582 d (à présent reconstruite à Inuyama, Japon. La croix centrale symboliserait le feu, en pointe de pignon un prétendu "arbre de vie" avec ses branches s'élargissant vers le haut... ou vers le bas ("arbre de mort"). Les runomaniaques ont le regard sélectif et oublient que ce motif, en Alsace, n'a concerné qu'une très petite région (le talus oriental du Sundgau) durant une courte période.
Figure 8. Toujours à Blotzheim, fin XVIe s. (détruite). A quelques dizaines de mètres de la précédente, les branches du prétendu arbre de vie sont la plupart dans le bon sens...
De simples contrefiches, liens et entretoises deviennent maintenant la « Bar-Rune »'r ou la « Balk-Rune ». Le choix arbitraire d'un bois ou d'une partie d’un pan de bois et sa transformation en rune est une pratique courante pour l’auteur. Dans le cas d'une combinaison de cinq bois différents, Gerner décrète l'un de ces bois est une rune, mais pas les quatre autres. Dans l'exemple suivant, il explique que tous les bois sont des runes et change ainsi d'interprétation à sa guise.
Certaines formulations auraient déjà pu éveiller les soupçons de l’éditeur Fraunhofer-Gesellschaft. Selon Gerner les relations suprarégionales peuvent être clairement identifiées par la présence de certains signes. Ainsi, certains groupes de signes se retrouvent dans toutes les zones de peuplement « indo-aryennes ». En 1983, il a été plus explicite : « sous le troisième Reich... un Heilzeichen (signe protecteur) indo-aryen, la croix gammée (Hakenkreuz ou svastika) était particulièrement à l'honneur ».
(…)
« Gerner n'avait pas encore compris que la recherche sérieuse de l'Après-guerre sur les runes avait abouti à des résultats concernant l'alphabet runique préchrétien ou du début du Moyen Âge, tout à fait différents de que ce que la SS-Ahnenerbe et Karl-Theodor Weigel avaient souhaité. L'image des runes sur laquelle se base Gerner correspond précisément à l'état de la recherche du IIIe Reich. Par principe celui-ci affirmait que lorsqu’un signe était présent dans tout l'espace germanique (y compris l'Angleterre, l'Islande et la Scandinavie), il était toujours de signification symbolique. La première affirmation est toutefois fausse, la seconde pour le moins controversée. La signification symbolique est le plus souvent admise par les chercheurs pour les runes en Islande, moins en Scandinavie et pas du tout dans la région de l'Allemagne actuelle. Les runes n'y jouaient de toute façon pas un rôle très important, les inscriptions runiques n'apparaissant que brièvement à l'époque romaine puis mérovingienne (VIe/VIIe siècle), pour disparaître ensuite complètement.
Martin Baumeister s'est récemment exprimé sur ce sujet dans le catalogue de l'exposition « Schrift, Sprache, Bild und Klang », publié en 2002 à Würzburg. Il n'y a ni raison ni preuve que les artisans et les simples maîtres d'ouvrage du début de l'ère moderne aient eu recours à de tels signes. Comment auraient-ils pu les connaître ? Le charpentier médiéval ne savait pas écrire de chiffres. Comment aurait-il pu lire et transmettre à la génération suivante des runes ayant le sens d'une lettre ?
Comment, comme le pense Gerner, la signification des runes a-t-elle pu évoluer au fil du temps, sous forme de « non-dit », de génération en génération ? De plus, l'explication du mot rune, issu du mot « murmure », comme une écriture mystérieuse est une hypothèse moderne, qui n'est pas étayée par des preuves pour le début du Moyen Âge, si l'on excepte si l'on excepte le fait que l'écriture était en général un savoir de domination de quelques-uns. Mais à qui le maître d'ouvrage aurait-il dû cacher son désir de multiplication ou toute autre injonction par symbole interposé ? »
(…)
« Pour connaître les sources de Gerner, il faut se référer à ses publications antérieures. En 1983 il était encore prêt à les citer ouvertement. C'est à cette époque qu'il a publié pour la première fois ses théories sur les runes et les symboles, et ce dans la « Deutsche Verlagsanstalt » à Stuttgart, qui a tout de même publié des livres scientifiques aussi importants que celui de Michael W. Kater sur l' Ahnenerbe des SS. Gerner avait alors cité comme sources l'auteur nationaliste allemand Philipp Stauff et le représentant engagé du NSDAP Karl-Theodor Weigel, qui n'ont plus été publiés après 1945 ».
« Les informations sur la survivance des théories nazies, les recherches sur les symboles, mais aussi en particulier sur l'action de Manfred Gerner sont facilement accessibles. Pourtant le mémoire de maîtrise ("Philipp Stauff 1876-1923. Leben und Wirken eines völkischen Ideologen », du diplômé de la FU de Berlin Gregor Hufenreuter (en ligne sur Internet depuis avril 2003 !) a échappé à l’éditeur Fraunhofer-Gesellschaft. C'est là que réside le véritable scandale. La publication de Gerner est dépourvue de toute méthode scientifique et présente des absurdités qui, avec un peu de bon sens, feraient réagir n'importe quel éditeur. Rien n’a alerté Fraunhofer-Gesellschaft, même pas l'utilisation de termes comme « indo-aryen ». Il est évident que l’éditeur ne dispose pas d'un contrôle scientifique efficace de ses publications spécialisées, ou alors la foi en l'omniscience des professions scientifiques et techniques est tellement développée que l’on ne considère plus qu'un tel contrôle est nécessaire ».(…)
« Même le chapitre final sur les « symboles religieux » montre le caractère non scientifique du traitement de la question. L'auteur s'efforce ainsi d'expliquer de manière encyclopédique chaque animal et chaque phénomène sur une maison qui n'entrait pas dans les grilles d'interprétation précédentes, de les expliquer de manière chrétienne.
L’enseigne d’une auberge « à l’Aigle » devient une référence à Jean l'Évangéliste. Gerner n'a manifestement jamais entendu parler d'un animal héraldique et pour une auberge, cela serait beaucoup plus évident. Il en va de même pour la désignation « couronne » qui, selon Gerner, fait référence à la couronne du Christ, et non la couronne d'un souverain ».
Un autre exemple de la théorie nazie : les Hofzeichen runiques
Les figures de pan-de-bois ne sont pas les seules à captiver les « runomaniaques », autant les idéologues d’hier que les naïfs intellectuellement paresseux d’aujourd’hui. Les Hofzeichen sont pareillement détournés pour étayer la thèse d’un marquage « indo-aryen » de la maison paysanne « germanique ». Un Hofzeichen (ou Hauszeichen) est l’emblème propre à la maison, en fait une marque apposée sur les outils, le bétail, le porche d’entrée et même parfois la tombe. La marque est, en principe, attachée à la maison ou plus largement à la maisonnée, plus qu’elle n’appartient à une famille en particulier. Elle peut tenir lieu de signature, mais on ne sait si dans ce cas ce pourrait être une marque d’illettrisme. Par définition, cette marque est assez simple, géométrique ou parfois sommairement figurative (charrue, herse, fléaux croisés...). Aussi ces graphismes « ressemblent » d’autant plus à des runes qu’ils sont présents dans le même environnement culturel que les colombages dits runiques et donc été exploités eux aussi par les idéologues nazis. Citons pour l’Alsace, par exemple en 1942, une publication de A. Sipp sous le titre « Die Hauszeichen des Dorfes Kauffenheim ». La théorie des Hofzeichen runiques demeure en vigueur dans des publications récentes de sociétés d’histoire ou sur les sites internet de communes.
Figure 9.
Figure 10. Les Hauszeichen relevés à Kauffenheim, selon Sipp op. cit.
Ce que l’on trouve sur des sites internet alsaciens, dont celui de l’écomusée d’Alsace, en 2024
Voici ce que l’on peut lire aujourd’hui sur les trois sites internet qui répondent en tête à la requête « signification » ou « symbolique » des colombages. L’un est une importante collectivité territoriale qui copie les textes du suivant , lequel émane d'une non moins importante association patrimoniale (abréviation AP) que je n'ai pas envie de clouer au pilori, et enfin l’Ecomusée d’Alsace (EM) dont les errements ne sauraient plus nous étonner. Ce dernier place de ci, de là un avertissement ainsi, nous citons : « La symbolique est très controversée. Elle n’est donnée qu’à titre informatif ». Si elle est controversée, alors pourquoi la publier, pourquoi ne pas prendre clairement position au lieu de laisser place à un doute « pour information » ? Quelle information?
La croix de Saint-André
« (AP)… est avant tout un signe de multiplication, comme en mathématique, appelant une descendance nombreuse , hommes ou bêtes, sur la maison qu’elle orne. Si elle est étirée en hauteur, on l’appelle Andréaskritz, si elle s’écrase horizontalement, on la nomme Hosanna. Les croix de Saint-André peuvent être doubles ou triples. La double croix de Saint-André est fréquente sur les vœux et cadeaux de mariage, il sert alors de symbole à l’union de deux êtres.
Figure 11. Reiningue, premier tiers du XVIe s. Beaucoup, énormément de signes de multiplication des humains et des bêtes... Certes la maison est grande mais où les logera-t-on ?
Le losange barré d’une croix de Saint-André
« (AP)…Loin de se contredire, les deux signes se renforcent. Le X de la multiplication ajouté au losange, symbole de fécondité, indique que l’on appelle sur la maison une descendance nombreuse et multiple. Connaissant l’importance, pour un paysan, d’un nombreux cheptel, on ne s’étonnera pas de retrouver des losanges barrés de la croix de Saint-André sur les étables ». Et plus loin : « le losange barré d’une seule diagonale : rare et inhabituel, le losange barré d’une diagonale mérite de ne pas être passé sous silence. Cette figure symbolise l’union charnelle de l’homme et de la femme ».
Figure 12. Blotzheim (fin XVIIe s.). Voici une demeure bien pourvue en losanges croisés, symboles de fécondité pour mari, femme, vaches et cochons (!)
Chaise curule
« (EM) La chaise curule indiquerait une maison de magistrat ou de notable », c’est « une variante plus riche de la croix de Saint-André »
« (AP) A l’époque romaine, la curula était un siège pliable en ivoire soutenu par quatre pieds incurvés. Elle était l’insigne de la fonction, réservé aux magistrats. Elle semble donc par analogie être réservée à l’origine à un personnage important : échevin ou Schultheiss, magistrat, juge… Ce devait être le cas dans certaines régions de l’Alsace il y a fort longtemps.
La chaise curule constituée de deux cornes croisées se confond souvent avec la croix de Saint-André. Dans toute l’Alsace, du nord au sud, la chaise curule est présente dans le milieu rural (…) ».
Figure 13. Les croix de Saint-André dans tous leurs états, dont celui à branches courbes que les runomanes nazis décrivaient comme un signe de feu (voir supra) mais que nos "spécialistes" alsaciens ont requalifié en "chaise curule", à leurs yeux symbole de pouvoir. Pour ma ma part je préfère la dénomination neutre "croix en X".
Figure 14. On a beau expliquer, exemples et chronologies à l'appui, que la croix de Saint-André à branches courbes est un motif du gothique finissant, qui n'est pas plus runique que magico-sacré, rien n'y fait. La chaise curule à la vie dure. En réalité et à l'évidence c'est un motif de remplage gothique tardif (ici un exemple à Bâle)
Le cœur
« (EM) Le cœur dans un cercle est l’association de deux virgules. Ce seraient les cornes des casques des guerriers qui servaient à effrayer leurs rivaux. Ainsi le cœur pouvait symboliser la lutte contre les puissances du mal » et plus loin : « cœur découpé dans un volet : deux virgules opposées réunies en un cœur. La virgule est un symbole indo-européen qu’on retrouve dans la croix dite basque. Elle pouvait servir à lutter contre les puissances du mal ».
« (AP) A l’origine, le cœur symbolisait la terre-mère, donc la fécondité. Il est également considéré comme le siège des passions. Il représente l’amour, la protection et l’union de l’homme et de la femme. Les virgules de par leur graphisme, rappellent les cornes que certains guerriers portaient jadis sur leur casque pour effrayer leurs adversaires. Leur cœur est lui-même représenté graphiquement par l’affrontement de deux cornes, qui constituent un symbole protecteur contre les puissances maléfiques. Le cœur est également un motif porte-bonheur… ».
L’étoile à cinq branches
« (AP) ‘’pentagramme ou pentacle » (étoile de Salomon), rappelle par sa disposition, la silhouette d’un homme, pieds et jambes écartés. Elle représente en général, les 5 éléments, la terre, l’air, l’eau, le feu et l’esprit.
L’étoile à six branches
« (EM) L’étoile à six branches symboliserait l’épreuve, le travail et la servitude. C’est le chiffre de Passion du Christ, qui a souffert le vendredi, 6e jour de la semaine » …
« (AP) ‘’Hexagramme » (sceau de Salomon ou bouclier de Davis), était déjà fréquente dans le monde antique. Dans la bible, le chiffre 6 a un sens d’œuvre achevée (les six jours de la création). Il n’est pas sans rappeler, le monogramme du Christ (lettre grecques rho et xsi superposées).
L’étoile à 6 branches, est formée de 2 triangles équilatéraux opposés, et sert également comme emblème judaïque, dite étoile de David. Autrefois, on nommait aussi cette étoile ‘’étoile des Brasseurs ». Elle représentait les 6 phases de fabrication de la bière: Elle était sur les enseignes et couramment gravée sur les choppes de bière réalisées à Betschdorf. C’est également un symbole bénéfique de plénitude.
L’étoile à huit branches
« (AP) L’étoile à huit branches, dans la plupart des civilisations, représente un astre (lune, soleil, planète en étoile, comète, etc.). Elle combine la croix verticale, symbole chrétien, avec la croix couchée de Saint-André symbole de fécondité auquel peut se joindre le cercle qui est la représentation du soleil. L’étoile à huit branches est formée de deux étoiles à quatre branches entrelacées ».
Le losange
« (EM) Le losange symboliserait la féminité et la maternité. Insérer un losange dans la façade de sa maison indiquerait le souhait d’une nombreuse descendance, dans celle de l’étable un important cheptel. Barrer le losange d’une croix de Saint-André signifierait la multiplication de la fécondité ».
« (AP) Le losange est le décor le plus simple et le plus répandu à travers toute l’Alsace (…) Alors pur hasard ou signification symbolique ? Sans vouloir voir du symbolisme partout, nous pencherons pour la deuxième proposition. En effet s’il participe avec le reste du colombage à la rigidité de l’ensemble d’un pan de bois, il faisait partie à l’origine d’un très ancien alphabet scandinave datant du début de l’aire chrétienne, appelé alphabet runique.
Le losange « ungwaz ou ing » était la rune de la fertilité et de la fécondité.
Dans la symbolique traditionnelle indo-européenne, le losange est un symbole féminin. Il représente le sein ou la matrice maternelle. Il désigne un contenu que l’on veut protéger, et est interprété comme un symbole de fécondité. Les mathématiciens modernes ont repris le même signe du losange sur les calculatrices modernes, avec la même signification : un sous-total à préserver.
Il est donc représenté pour demander une descendance importante. Mettre un losange sur sa maison, de préférence sur l’allège de fenêtre à l’étage, signifie que l’on souhaite une descendance mâle pour assurer la pérennité de l’exploitation".
Figure 15. Quatre losanges pour ce pignon de Schwindratzheim. Devons-nous comprendre que le constructeur souhaitait quatre descendants mâles ?
Le Mann
« (EM) Le Mann symboliserait la virilité et la force physique ».
« (AP) A l’origine, le Mann n’avait qu’une fonction technique. Il s’agit avant tout d’une combinaison de poutres verticales et obliques, barrées d’horizontales. Le tout est chargé d’assurer un bon maintien de l’ensemble. La combinaison du Mann rappelle d’une manière évidente la silhouette d’un homme jambes écartées, et bras levés au ciel. Partant des coins inférieurs gauches et droits, deux poutres représentant les jambes ou décharges se rejoignent sur le poteau vertical central au deux tiers de la hauteur de celui-ci qui constitue le tronc et la tête. Les bras ou aisseliers prennent naissance à mi-hauteur du poteau central, et s’appuient directement sur le haut des cuisses du Mann pour rejoindre les coins supérieurs gauche et droit.
A l’origine, le Mann était dépourvu de bras obliques, il ne s’agit encore que d’un embryon de Mann. Mais l’on distingue déjà nettement ses jambes qui rejoignent le tronc au deux tiers de sa hauteur. Le Mann primitif était pourvu d’une tête constituée par deux coins ouvragés, placée de part et d’autre du tronc au-dessus des entretoises supérieures. Ces coins peuvent être dépourvu de tout ornement ou être décorés de cœur ou être découpés de façon à imiter une double tête de coq. La tête de coq est uniquement symbolique. En effet, le coq est l’animal qui par son chant matinal annonce la fin de la nuit et l’apparition du soleil. Il est logiquement celui qui fait fuir les sorcières, qui selon les croyances, mènent leur sabbat de minuit au point du jour, et s’enfuient à toute vitesse sur leur balais dès que le coq lance son chant ».
Figure 16. Voici donc (Zoebersdorf 1566) ce fameux Mann originel (au centre), manchot , mais néanmoins pourvu des crêtes de coq qui effrairaient les sorcières au retour du sabbat (!). On se demande vraiment où les auteurs puisent des assertions aussi délirantes.
Figure 17. Et voici à Hunspach le Mann "évolué" (aux angles), pourvu de bras levés vers le ciel. L'histoire ne dot pas s'il est plus efficace symboliquement que le pauvre Mann manchot "originel". Pour ma part je nomme cette figure K (comme les chercheurs allemands qui parlent de K Figur).
La svastika
« (AP) D’origine hindoue, la svastika est l’un des plus anciens symboles de l’humanité. Depuis 3000 ans, on la retrouve dans toutes les civilisations du monde de la Chine jusqu’à l’Amérique. La svastika est une croix composée de quatre potences prenant la forme d’un Gamma grec en capital d’où son appellation croix gammée. C’est le symbole des forces cosmiques, qui représente le soleil et la lumière, source de toute vie. En sanscrit, svasti signifie bonheur ou postérité conduisant au bien-être, donc un porte-bonheur.
Force mystique et protectrice, elle servait à attirer la chance, la félicité et le bonheur sur la maison, ses occupants et leurs biens. L’Allemagne nazie l’a utilisée comme emblème, en lui enlevant complètement son côté positif : symbole de vie, d’amour, de perfection et d’infini. A l’origine, la signification variait selon le sens de rotation. En Alsace, elle est représentée dans les deux sens".
Le disque radié
« (AP) Motif relativement fréquent sur des illustrations peintes ou gravées, le disque radié ou roue solaire est extrêmement rare lorsqu’il est intégré dans un colombage. En effet, le cercle est difficile à réaliser avec des pièces de bois. Les artisans de l’époque ont tout de même réussi ce tour de force, mais hélas, il en reste fort peu. Depuis la nuit des temps, le cercle a toujours représenté le disque solaire. La croix intégrée à l’intérieur est un symbole chrétien par excellence. Associé au cercle, l’ensemble est à la fois un signe cosmique bénéfique pour les moissons, et un signe protecteur pour la maison et ceux qui y habitent. A l’origine, le disque solaire radié représentait l’année solaire, donc le déroulement des saisons. Sa signification païenne a été reprise par le christianisme, pour qui la combinaison des deux symboles représente : celui du soleil, principe de vie et de lumière, et celui de la croix qui évoque le sacrifice du Christ ».
Figure 18. Voici la panoplie des cercles radiés et svastika (exemples du Sundgau). Pour les runomanes nazis ,le cercle à croix latine symbolisait Wotan comme dieu du droit, croisé en X comme dieu du feu, et le disque à huit rayons (non présent ici) comme dieu du soleil. C'est bien le moins pour le maître des dieux. Sur les sites internet d'ajourd'hui, on en reste à la symbolique solaire mais sans référence aux runes et en introduisant une croix chrétienne...cela ne peut faire de mal, a-t-on probablement pensé.
L’arbre de vie
"(AP) Cette forme archaïque de poutrage a des origines très anciennes. Elle trouve ses racines dans la civilisation Indo-Européenne, et signifie source de vie. Pour les chrétiens, c’est un rappel biblique de la connaissance du bien et du mal. On le trouve plus fréquemment gravé dans l’argile des tuiles protectrices (Schutzziegel), ou peint sur le mobilier polychrome ou sur des panneaux de torchis"
Les interprétations erronées des pans de bois ont ouvert la voie à une symbolique des couleurs non moins fantaisiste
« En Alsace, il était courant d’associer certaines professions à des couleurs spécifiques. Un boucher peignait sa maison en rouge, rappelant la couleur du sang et de la viande. De même, un boulanger utilisait souvent des teintes jaunâtres, évoquant la farine et le pain. Ce système visuel permettait aux visiteurs et clients potentiels d’identifier rapidement le type de commerce ou de service proposé dans chaque maison ». Un autre site reprend les mêmes définitions, en ajoutant : « le vert faisait référence aux métiers de la couture, du tissu et du cuir. Pour ce qui est des différents métiers de la construction, c’était la couleur crème.
Avant cela, les couleurs avaient également une autre signification, aussi bizarre que cela puisse paraître, elles indiquaient la confession de la famille qui y habitait. Pour les familles de confession catholique, la couleur des maisons était bleue, alors que la couleur rouge était réservée aux familles protestantes ». Il y a peu de temps encore, on rencontrait des écrits attribuant la couleur jaune… aux maisons des Juifs. Evidemment...
Au passage notons la persistance de l’idée absolument fausse de la peinture des pans de bois avec du sang de bœuf. « Sang de bœuf » désigne une nuance et non une matière, il est impossible d’obtenir une telle couleur rouge avec du vrai sang de bœuf.
Comment ces interprétations ont-elles pu conserver force de vérité 80 ans après la chute du régime nazi ?
Je ne sais pas comment la littérature nazie sur les symboles a été recyclée Après-guerre, en parvenant à faire oublier ses odieux objectifs et son total manque de sérieux scientifique. Ce matériau refait surface durant la décennie 1970, à travers plusieurs ouvrages nationaux ou régionaux. Citons « La maison alsacienne à colombage » (1977) « Symboles et pratiques rituelles dans la maison paysanne » (1978), « la maison alsacienne et sa restauration » (1979). Ces ouvrages publiés à une période où la maison paysanne était un thème en vogue ont accrédité les interprétations « völkisch » (ethniques) sans un instant citer de sources. On notera qu’à cette époque Adolphe Riff (1890-1971) était décédé, ce qui a dû peser lourd. Ce savant, conservateur du Musée alsacien de Strasbourg, était en poste durant l’Annexion nazie. Il savait donc de quoi il en retournait, et ses nombreuses publications ultérieures (notamment un travail sur la svastika) allaient à l’encontre de la théorie ethnique. Riff disparu, l'Université et les historiens ne s'aventurant pas sur ce terrain glissant abandonné au "folklore" dédaigné, il n’y avait plus d’autorité scientifique reconnue, ce qui laissait le champ libre.
Le mystère de la transmission reste complet. Ayant connu personnellement les auteurs des ouvrages cités, je ne les nomme pas, car loin de moi l’intention de les qualifier de néo-nazis ! Mais quand trois ouvrages de grande diffusion véhiculent les mêmes thèmes quasiment au même moment, il ne faut pas s’étonner que le discours se diffuse et s’enracine profondément. Si l’on tend l’oreille dans les rues touristiques, bien souvent on entend le guide expliquer à son groupe la signification des formes de pan de bois ou des couleurs (on n’en manque pas hélas). Ces commentaires plaisent car ils permettent au public intelligent et cultivé d’aujourd’hui (?) de se gausser de la crédulité des artisans et paysans d’antan – ou de porter crédit à ces interprétations remplissant le vide laissé par la quasi extinction de la culture religieuse.
Les aventures d’"Astérix chez les Goths" aidant, on croira volontiers que le cœur est la combinaison de deux cornes de casques de sauvages guerriers, plutôt que le Sacré Cœur de Jésus, largement diffusé lors de la Contre-Réforme.
Nous avons vu au début de notre propos que les sites internet plus ou moins institutionnels, sensés livrer des informations valables et vérifiables campent sur leur position. Les sites de personnes privées sont plus raisonnables. Voyons « Mon grand Est » qui en propos liminaire publie un «Avertissement ! Le symbolisme des maisons à colombages alsaciennes est sujet à caution. Un nombre d’historiens réfutent certaines conclusions qui expliquent le colombage alsacien au travers d’une interprétation runique. Ainsi, la question se pose sur le rôle de l’alphabet runique exercé sur de nombreux éléments de structure et de décoration (pour rappel, l’alphabet runique est un ensemble de signes ou pictogrammes souvent associés à des symboles).
L’explication symbolique attribuée au colombage alsacien ne tiendrait sur aucune preuve plausible. Et pour cause, certains auteurs alsaciens auraient ainsi répandu ces idées sans discernement. Ils se seraient basés sur des théories fantaisistes élaborées par des ethnologues allemands après l’annexion de l’Alsace.
Alors, suis-je moi aussi tombé dans le panneau ? Certainement… mais rien n’empêche de flâner dans les rues d’un village alsacien à la découverte de ces éléments décoratifs. Sans forcément aller trop loin dans leur interprétation symbolique. Car vous aurez compris que la part de symbolisme est à relativiser ! » Bravo pour cette rare honnêteté intellectuelle. Nous trouvons aussi des réserves sur le site HISTOIRE de COLOMBAGE la symbolique des MAISONS d'ALSACE et d'ailleurs - ber.dranreb04.overblog.com - montagne et rando.
Pourtant, les auteurs de ces sites conservent les textes d'explications auxquelles il disent ne plus porter crédit. Cela traduit l'absence d'un propos de remplacement, sérieux, pertinent et accessible. Difficile, en effet, de faire admettre que le sujet est complexe et demande la mobilisation des archéologues, des historiens, des historiens des techniques et de la construction, des ethnologues. pour élaborer un savoir actuel. Les travaux du chercheur Nicolas Vernot, en particulier sa thèse sur le coeur en Franche-Comté à l'époque moderne : iconographie et symbolique, en démontrent brillament la possibilité et le bénéfice.
Marc Grodwohl
Octobre 2024