Les toitures en tuiles creuses à crochet en Alsace

Les toitures en tuiles creuses à crochet en Alsace
en collaboration avecYvette BECK-HARTWEG et Jean-Claude KUHN. Les toitures en tuiles creuses à crochet en Alsace.  Annuaire de la société d’histoire de la Hardt et du Ried. N° 36, 2024, p. 61-82

Il est peu connu qu’en Alsace, où l’on ne jure que par la Bieberschwanz, ou tuile plate en écaille, la couverture en tuiles creuses fut d’usage très courant jusqu’au milieu du XVI e s./début du XVIIe s. Initialement, ces tuiles creuses étaient accrochées au lattis de toit en forte pente, par un nez (comme les tuiles plates). Cette première « couche » était recouverte et étanchéifiée par des tuiles creuses de recouvrement, scellées au mortier.

Couverture fragmentaire en tuiles creuses à crochets courantes (dessous) et couvrantes (dessus). Tour des Ponts couverts, Strasbourg

  Couverture fragmentaire en tuiles creuses courantes, sans couvrantes, avec joint de mortier

Tuiles creuses à crochet remployées comme tuiles faîtières, fortification du cimetière de Hunawihr

Il ne subsiste plus guère de toiture intacte, si ce n’est à Strasbourg une tour des Ponts couverts et latour de l’Hôpital. Lorsque ces tuiles cessèrent d’être produites, parfois sur injonction réglementaire, on répugnait à les jeter lorsque le toit demandait entretien ou réparations. On réutilisa les seules tuiles concaves, sans recouvrement. Le joint entre deux tuiles était étanchéifié par un boudin de mortier. Il n’y a pas si longtemps (vers 1970), on rencontrait fréquemment ce type de couverture  notamment dans la région de Dambach-la-Ville où se trouvait sa plus grande concentration, mais aussi plus modestement un peu partout en Alsace soit en couverture, soit en remploi comme tuile faîtière ou d’arrêtier.

Pour essayer de comprendre ces systèmes de couverture, lourds, fragiles lorsqu’il n’y avait qu’un joint de mortier, j’ai élargi la focale et situé le cas alsacien par rapport à ce que l’on peut savoir de l’ensemble de la France, de la Suisse et de l’Allemagne. J’ai tenté de voir comment s’articulait la chronologie des tuiles à crochets par rapport à celle des bardeaux, des tuiles plates et des tuiles canal.

Carte des aires de diffusion des tuiles canal et des tuiles creuses à crochet

Très vite, le sujet s'est trouvé renouvelé grâce à l'excellente historienne de Dambach-la-Ville, Yvette Beck-Hartweg. Sa connaissance des archives et sa documentation photographique ont permis d'établir la surprenante cartographie des toits en tuiles creuses à joint de mortier de Dambach-la-Ville encore en place au XXe s. et dont il ne subsiste que deux exemplaires. Jean-Claude Kuhn, président du Parc de la maison alsacienne de Reichstett, avait collecté des informations archéologiques de première main qui lui permirent de couvrir en tuiles creuses sur le modèle d'origine la maison de 1544 d'Eckwersheim récemment remontée dans son parc-musée.

Au passage, je signale deux travaux très importants (suivre le lien) que mon article complète:

BLAISING Jean-Marie. Tuiles à crochet, ancêtres gothiques des tuiles canal ? in Archeologia Mosellana,  n° 8, 2012, p.81-84

WERLÉ Maxime, KILL René, SCHWIEN Jean-Jacques,  Les couvertures du second Moyen Âge en Alsace : un état des connaissances, Archéologie médiévale [En ligne], Toitures et matériaux de couverture au Moyen Âge

Pour se procurer l'annuaire dans lequel figure mon article, contacter par mail la société éditrice :

 

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