Merci à Bernard Reumaux et aux « Saisons d’Alsace » !

La revue « Saisons d'Alsace » a longtemps accompagné mon parcours et vient de me consacrer, dans son dernier numéro, un grand entretien mené par Bernard Reumaux.
Le fondateur de la revue, Antoine Fischer, y avait, dès le premier numéro paru en 1962, publié un plaidoyer en faveur de la création d'un « Musée alsacien de plein air », idée lancée pour la première fois par Charles Spindler autour de 1900. Ce texte annonçait, avec une prescience étonnante, ce que serait l'Ecomusée d'Alsace …en 2004, après un quart de siècle de travaux. Extraits de ce texte de 1962, visionnaire…dont je n'ai eu connaissance que bien longtemps après l'ouverture au public de l'Ecomusée d'Alsace !
« Une des plus remarquables réalisations dont l'Alsace puisse s'enorgueillir consiste certainement dans la création, il y a peu d'années, d'un musée alsacien de plein air(…) Le musée existe , constitué en grande partie par des maisons vétustes offertes par les municipalités et maintenant restaurées et rendues à la vie –car dans ce musée tout vit et bouge (…) Le visiteur est frappé par l'animation qui règne partout. Les maisons sont habitées, les exploitations paysannes fonctionnent, dans la basse-cour il y a des poules et des canards, dans les étables des vaches et des chevaux et sur les cheminées trônent évidemment les cigognes (…) Au milieu de la plaine s'élève le village. Groupées d'heureuse façon, autour d'une place pittoresque, se trouvent réunies des maisons paysannes des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi qu'un corps de garde et une exploitation agricole typique (…) une section montre les richesses industrielles de l'Alsace. une mine de potasse y a été reconstituée véritablement avec son fonctionnement normal (…) la joyeuse kermesse. Carrousels pour petits et grands, stands de tir, tombola, attractions de toute sorte y attirent et retiennent de nombreux visiteurs »[1]
Publiant à nouveau ce texte en 1998, le nouveau dirigeant de « Saisons d'Alsace », Bernard Reumaux l'assortissait d'un commentaire. Extrait : « …Quelle troublante prémonition a pu permettre d'anticiper, au détail près, la configuration de l'actuel écomusée d'Alsace créé à Ungersheim par Marc Grodwohl ? Vingt ans avant le projet monté par cette nouvelle génération d'Alsaciens engagés, tout était dit de l'écomusée, son plan, ses animations, sa fonction touristique et culturelle. On peut donc être prophète en son pays, voila qui est rassurant ».
Par la suite, les liens avec la revue se sont poursuivis et ma connivence d'idées avec Bernard Reumaux a débouché en 1999 sur les mémorables « Jardins d'Utopie », énorme fête qui mobilisa ce que l'Alsace avait de meilleur et de plus généreux en matière d'intelligence et de création.[2] "Saisons d'Alsace" apporte chaque trimestre une grande transfusion de sang frais à notre région, par ses contributions originales qui viennent déceler dans une hyperactivité alsacienne apparemment aussi foisonnante qu'autocentrée et monochrome -pour ne pas dire monocorde- ce qui peut faire culture régionale aujourd'hui.
 
Dans son dernier numéro[3], qui vient de paraître en cette veille de l'été 2007, la revue « Saisons d'Alsace » me consacre son « grand entretien » sous le titre « Marc Grodwohl : retour sur les années Ecomusée ». Ce dossier, sans aigreurs, amertumes et revanches,  parait après la phase de tempête qui a secoué l'Ecomusée d'Alsace, et dont il faut bien dire que seuls les initiés ont saisi les tenants et aboutissants ; peu de journalistes (à l'exception de Lucien Naegelen et Dominique Siedlaczek) s'étaient efforcés de saisir les causes et la portée de ces évènements qui appartiennent maintenant à la (petite) histoire. A ceux qui veulent se donner la peine de comprendre ce qu'a été le mouvement créatif et populaire qui a porté l'Ecomusée, et quels ont été les obstacles qui ont eu raison, ce dossier sera durablement utile. Sous sa signature, Bernard Reumaux publie un commentaire fort et engagé. Avant-goût : « S'il y avait un lieu possible pour faire vivre une utopie, ce n'aurait pu être que là. Car l'Ecomusée fut, sans aucun doute, la plus belle des aventures collectives alsaciennes. Il représente une des très rares réalisations publiques qui, tout en devant tant à un seul homme –son fondateur et animateur pendant vingt-six ans, Marc Grodwohl- doit néanmoins tout à un ensemble de personnes, de groupes et d'institutions on ne peut plus différents rassemblés autour d'un rêve partagé. On a beau chercher, difficile de trouver un équivalent ailleurs, même au-delà du cercle régional. (…) »
 
SAISONS D'ALSACE
Revue trimestrielle
3 rue Saint-Pierre-le-Jeune
67000 STRASBOURG


[1] première publication dans « Saisons d'Alsace » n°1, hiver 1962, reproduit dans « Saisons d'Alsace » n °141, automne 1998, Encyclopédie imaginaire de l'Alsace
[2] MULLER Dominique, Envie de faire utopie, in « Saisons d'Alsace » nouvelle série n°4, automne 1999, p.113-125
 
[3] « Saisons d'Alsace » n°35, juin 2007, p.11-17